Choisir une porte.

Une porte qui m’apporte la bonne réponse à cette question qui tourbillonne depuis longtemps déjà.

Pourquoi les jeux de pouvoir me sont ils aussi insupportables ?

Pourquoi est ce que la vie me confronte continuellement à leur emprise ?

Le pouvoir prend trop de place, il doit s’échapper et me laisser en paix .

Et pour cela je dois comprendre et choisir une porte.

Pas une issue de secours mais bien une porte qui me mène à l’origine de son omniprésence pesante et qui me demande à chaque fois une énergie quasi surhumaine pour m’en libérer .

Martine est juste à mes cotés, elle murmure à mon oreille de sa voix feutrée.

Il y a des mois que je l’observe, intriguée et suspicieuse.

Pourtant je suis là, ce 17 mars 2017 accompagnée d’une confiance totale dans sa pratique peu ordinaire pour moi .

Et si il suffisait réellement de choisir une porte pour comprendre ?

Je ne risque rien allongée sous une couverture moelleuse, callée entre les coussins rembourrés. Il est vrai que je ne sens plus mon corps, pour moi c’est quasi normal pour l’hypnothérapeute que je suis. La dissociation ça me connaît !

Choisir la bonne porte dans ce couloir sans fin .

Elles se suivent les unes les autres, il y en a même des deux cotés.

Choisir la bonne porte, comment on fait ?

Laisser mon intuition agir, celle la même que je mets en doute quand il s’agit de moi. Juste lui faire confiance et l’ouvrir cette porte !

La voix de Martine me demande de décrire ce que je vois autour de moi.

Et oui je vois bien quelque chose des colonnes imposantes et une enfilade de pièces immenses et vides.

Et je sais, sans comprendre comment, que je suis dans un palais désert, dévasté, perché en haut d’une falaise.

Je m’approche et vois la mer. Cette vue me rappel le Bosphore. J’avais alors 20 ans mais cette ambiance des mille et une nuit est toujours palpable. Ces volumes des contes des mille et une nuit que je devais absolument tenu à procéder, je ne les ai même pas encore ouverts, ils me suivent dans mes périples depuis plus de 20 ans et je commence à comprendre pourquoi.

Serais-je en Turquie? Pourquoi pas !

La voix de Martine me demande de regarder mes pieds.

Je m’exécute, je suis là pour ça !

Je suis surprise par leur petitesse, je m’imagine être une femme, pourtant les chaussures que je porte ne sont pas très féminines.

Mes tout petits pieds sont dans un cuire précieux, de couleur vert émeraude. Ces drôles de chaussures que je n’ai jamais vu auparavant me semble-t-il s’affinent et se recourbent de façon étrange à leurs extrémités.

Plus tard la recherche de ces chaussures me permettra de découvrir l’époque et le personnage, mais je ne le sais pas encore. Je découvrirais également que Martine les voyait tout comme moi, je savais bien qu’elle avait un don, mais pas à ce point là !

Sur le coup je pense encore aux sultans perses, mon personnage se précise mais les époques se mélangent et les pays s’embrouillent encore.

La voix de Martine stoppe mes recherches en me demandant de regarder mes mains.

Elles sont baguées d’or et de pierres précieuses. Ma peau n’est ni blanche, ni noire mais d’une belle couleur cuivrée. La voix douce de Martine me demande de les porter à ma poitrine. Ma confusion grandit, je suis un homme . Sentir ces poils sur ma poitrine me crispe, une sensation qui ne fait pas parti de ma vie ou plus devrais-je dire …

Je sens des chaines autour de mon coup et sens l’étoffe de mes vêtements fluide et fine.

Qui suis-je ?

C’est alors que la voix de Martine me demande quel est le plus beau moment de ma vie .

Je suis projeté à un moment immobile, comme ces arrêts sur image dans les quels seuls les émotions parlent.

Il y a les yeux de cette femme qui me transpercent. Je tombe amoureux de cette femme dont seuls les yeux parlent. L’intensité de cet amour me secoue pourtant tout le reste de la scène est gris. Je perçois d’autres femmes et même des enfants.

Tout est gris et figé, seuls ces yeux me transpercent jusqu’au cœur.

Je sais que nous sommes liés et pourtant je perçois également que cet amour est impossible. Le gris ne fait que renforcer cette impression, le contraste avec mes habits riches et colorés participe a alimenter mon ressenti.

Je ne fais parti de l’univers de cette femme pourtant nous sommes relié.

Ce 17 mars 2017 cette expérience me porte, mes émotions sont pour moi réelles même si je suis une femme nées en 1969.

Les lignes du temps continuent à s’embrouiller. Cette scène d’un autre temps vis en moi.

De nouveau j’entends la voix de Martine me diriger vers le pire moment de la vie de cet homme dont j’ai pris le corps.

Et sans même m’y attendre je m’entends lui exprimer toute ma peine. Je sais que je suis le seul survivant, que toutes ces femmes et enfants tout gris sont morts.

Les mots sortent par eux mêmes de ma bouche : je n’ai rien pu faire ; ils étaient bien trop nombreux, bien trop fort face à moi …

Je perçois des hommes avides de conquête, avides de pouvoir . De vrais barbares qui ont massacré les vies qui m’entouraient. Ces vies toutes grises auxquelles je tenais.

Je suis terriblement triste.

La voix de Martine m’interrompt une nouvelle fois pour me demander de revenir.

Alors je referme cette porte derrière moi, je me réapproprie mon corps et je reviens dans ma vie ce 17 mars date anniversaire du sultan Humâyün arrière grand père du bâtisseur du Taj Mahal. Exilé à de nombreuses reprises sa vie est une reconquête permanente de son royaume. Seul survivant de la bataille de Buxar en juin 1539 durant laquelle son harem fut massacré.

Je suis allé aux pieds de son Mausole il y a deux ans lors de mon premier voyage en Inde.Le Taj Mahal possède un raffinement que je connais et ne m’a pas surpris. Par contre la surprise est venue de mon envie de courir autour, pieds nus et bougeant mes bras tel un oiseau qui prend son envol. Ce sentiment de liberté était assez intense pour me sortir de « la bonne conduite » qui gère ma vie depuis tant d’année.

A la lecture de la vie d’Hûmâyun j’ai compris bien des choses sur ma perception du pouvoir.

Ais je rêvé ? Peu importe j’ai ma réponse !

Merci Martine

 

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